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Qu’est-ce qu’un parasite ?
Un parasite est un organisme hyperspécialisé dans l’acquisition de ses ressources qui vit au dépend d’un autre organisme, son hôte. Il en existe plusieurs types selon le milieu qu’ils colonisent. Nous allons nous intéresser dans cet article aux parasites internes du cheval, donc les endo et les méso parasites. Les mésoparasites occupent les cavités naturelles de leur hôte (cavités reliées au milieu extérieur) : voies et cavités pulmonaires, tube digestif et dépendances, appareil urogénital. Quant aux endoparasites, ils colonisent le milieu intérieur, les cellules, organes…
Le parasite a une action pathogène sur son hôte et lui cause des nuisances, celui-ci réagit en mettant en place des mécanismes de défense et le parasite contre-attaque en développant des mécanismes d’échappement.
→ Une sorte d’équilibre se met en place et tant que celui-ci n’est pas rompu en faveur du parasite, le cheval reste en bonne santé et ne présente pas de signe clinique.
Quand le cheval est-il infesté ?
La saison impacte la transmission, en effet, un hiver rigoureux ou un été chaud et sec ne sont pas favorables à la survie des formes libres des parasites et donc à la transmission. Au contraire les saisons pluvieuses sont favorables à la survie des formes libres et vecteurs et donc à la transmission.
L’hygiène de manière générale dans les locaux et l’alimentation ont aussi leur importance.
Les concentrations en animaux peuvent aussi impacter les infestations. Les élevages extensifs, la transhumance, les rotations de pâtures rendent plus difficile la transmission au cheval.
Enfin, la vie au pâturage est favorable voire indispensable à la majorité des cas de transmission.
Il est donc facile de comprendre que la colonisation des chevaux par les parasites est inévitable et qu’il est important d’appliquer des mesures prophylactiques (préventives) pour la limiter et de pratiquer la vermifugation.
Comment le cheval est-il infesté ?
Durant le cycle parasitaire, on retrouve le parasite sous 3 formes :
- L’œuf
- La larve
- L’adulte
Le cycle parasitaire, comment le cheval se retrouve contaminé ?
- La femelle adulte présente à l’intérieur du cheval va pondre des œufs en très grand nombre allant de 7 000 à 200 000/j selon l’espèce. Ceux-ci vont être excrétés par le cheval avec le crottin.
- On va donc retrouver les œufs dans l’environnement, ils vont être présents dans les pâturages et vont pouvoir, selon l’espèce de parasite, éclore et former une larve directement dans le milieu extérieur ou bien dans un hôte intermédiaire qui l’aura ingéré (comme certains escargots porteurs de la Grande douve), ou encore rester sous forme d’œufs jusqu’à leur ingestion par l’hôte définitif, le cheval. On appelle cette étape la phase externe puisqu’elle a lieu en dehors de l’organisme du cheval.
- Ensuite, les formes infestantes du parasite*, sont ingérées par le cheval. Cela peut être la larve présente dans le pâturage, l’hôte intermédiaire de la larve ou encore l’œuf capable d’éclore dans le tube digestif du cheval.
- Les formes parasitaires infestantes vont migrer dans les intestins et devenir adultes, certaines espèces vont se déplacer vers d’autres organes comme la Grande douve et entamer un nouveau cycle en pondant des œufs. C’est ce qu’on appelle phase interne car elle se déroule à l’intérieur de l’organisme du cheval. Et ainsi de suite, le cycle recommence.
* Capables d’infester le cheval, la forme infestante dépend de l’espèce de parasite.
Quels sont les principaux parasites internes des chevaux ?
On détermine le risque d’un parasite selon sa prévalence (fréquence d’infestation), son pouvoir pathogène (capacité à provoquer des signes cliniques) et sa résistance aux antiparasitaires. Les chevaux peuvent développer une immunité au contact de certains pathogènes. Les poulains n’ayant encore jamais été exposés, ils sont plus vulnérables que les adultes.
Ci-dessous le parasites les plus risqués selon l’âge de l’individu:
À l’âge adulte, les parasites les plus importants sont les petits strongles qui concernent tous les équidés avec une prévalence d’infestation forte (100% des adultes avec accès à l’herbe). Ils causent principalement des signes au début du printemps comme un amaigrissement et une diarrhée. Beaucoup plus dangereux chez les individus jeunes (7 ans), les signes cliniques pouvant entraîner la mort. Le deuxième parasite le plus important chez le cheval adulte sont les Anoplocéphales ou Ténias qui concernent tous les équidés mais avec une fréquence d’infestation moyenne et un pouvoir pathogène intermédiaire (colique). Les Gastérophyles sont également très présents mais ont un faible pouvoir pathogène.
Les poulains sont plus sensibles que les adultes car n’ont pas encore développé leur immunité et les parasites qui représentent le plus grand danger pour eux sont les Anguillules jusqu’à environ 6 mois et les Ascarides jusqu’à 1-2 ans. Les Anguillules ont une fréquence d’infestation moyenne et un faible pouvoir pathogène, ce qui n’est pas le cas des Ascarides qui touchent 100% des poulains et qui possèdent un fort pouvoir pathogène (retard de croissance, colique, toux, mortalité chez les poulains de moins d’un an).
Pour plus d’informations sur les principaux parasites internes des équidés et les risques associés, vous pourrez trouver un tableau récapitulatif ici.
Quels dangers y sont associés ?
Si l’équilibre est rompu en faveur du parasite, des symptômes cliniques apparaissent.
On retrouve des symptômes communs entre plusieurs espèces de parasites.
- La diarrhée, elle peut être provoquée par :
- Des lésions de la muqueuse : cause des troubles de la motricité, accélérant le péristaltisme (contractions des muscles du tube digestif) ; troubles de la perméabilité de la paroi intestinale à l’origine de passages de composants intestinaux allant vers le sang et du sang vers l’intestin.
- La production de toxines : perturbe les sécrétions de sucs digestifs.
Conséquences : des pertes d’eau, une baisse de digestibilité des aliments et une perte des principes nutritifs
- L’anémie, à cause de perte de sang, d’hémolyse ou de perturbation de l’hématopoïèse**
Manifestations : Décoloration de la peau et des muqueuses, poil et peau en mauvais état, baisse de résistance à l’effort, baisse de la teneur en hémoglobine.
- L’amaigrissement, provoqué par :
- La prise directe par le parasite de nutriments, sang…
- La baisse de l’absorption intestinale à cause des lésions de la muqueuse et des perturbations des sucs digestifs (baisse de digestibilité)
- De fortes pertes sanguines qui affaiblissent l’organisme.
- L’obstruction mécanique provoquée par les parasites qui forment un bouchon.
On peut parfois voir apparaître des symptômes neurologiques, endocriniens, osseux…
Ces manifestations peuvent mettre en danger la vie du cheval.
**Processus de production des cellules sanguines.
Quelles mesures prendre ?
Pour commencer, il faut limiter le plus possible les sources de contaminations en effectuant des rotations de pâtures, en évitant la trop forte concentration d’individus au même endroit et en veillant le plus possible à l’hygiène des locaux et de l’alimentation.
Comme évoqué précédemment, la contamination reste inévitable, c’est pourquoi une vermifugation s’avère indispensable. Étant donné que les parasites peuvent devenir résistants aux traitements s‘ils sont en contact prolongé avec ceux-ci, il est important de faire des vermifugations stratégiques et d’alterner les molécules. C’est-à-dire traiter contre les parasites les plus à risque.
Traditionnellement, on fait un traitement par saison, soit 4 fois par an. Ce mode de vermifugation favorise le développement de résistances et n’est donc pas conseillé sauf chez les sujets à risque (chevaux de moins de deux ans, sujets âgés, sujets affaiblis).
Un bon plan de vermifugation stratégique pourrait être de réaliser une coproscopie tous les trois mois et de ne traiter que les parasites identifiés, avec la possibilité de réaliser une vermifugation complète par an pour éliminer les parasites qui auraient échappé aux analyses.